La Chine préconise cinq principes pour le règlement politique de la question syrienne
Le 20 janvier 2014, le Ministre des Affaires Étrangères de la République Populaire de Chine, S.E.M. WANG Yi, a été interviewé par l’Agence de Presse Xinhua et la Télévision CCTV. Dans cet interview, il a préconisé les cinq principes suivants pour le règlement politique de la question syrienne :
1. Il faut régler la question syrienne par des moyens politiques.
La Chine salue et soutient l’organisation de la deuxième conférence de Genève sur la Syrie le 22 janvier 2014 qui représente une opportunité importante pour la recherche d’une solution politique à la question syrienne. Elle appelle toutes les parties syriennes à y participer activement.
Il n’y a pas de solution militaire à la question syrienne. Toutes les parties doivent exprimer leurs revendications par le dialogue et des négociations, au lieu de rechercher des avantages par des conflits armés. Nous appelons les différentes parties syriennes à saisir l’occasion offerte par la deuxième conférence de Genève pour s’engager et agir en faveur d’une mise en œuvre globale, équilibrée et effective du Communiqué de Genève et apporter activement collaboration et soutien aux efforts de médiation du Secrétaire général des Nations Unies et du Représentant spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des États arabes pour la Syrie.
La conférence de Genève marque le début du dialogue et des négociations. Elle doit être un processus continu. Pour ce faire, il faut définir un mécanisme de suivi clair et précis pour assurer la continuité du dialogue et des négociations ainsi que des efforts politiques. Il ne suffit pas d’ouvrir le dialogue. Il faut le poursuivre jusqu’à ce qu’il aboutisse. La conférence de Genève doit aussi être une plate-forme de dialogue ouverte à toutes les parties syriennes attachées au règlement politique afin qu’elles puissent y participer activement et jouer leur rôle.
Pendant la durée du dialogue et des négociations, toutes les parties syriennes sont appelées à un arrêt complet des conflits armés et des actes de violence et doivent prendre des actions crédibles et visibles dans ce sens comme, dans un premier temps, un cessez-le-feu humanitaire, un cessez-le-feu région par région et étape par étape et un désengagement afin d’établir et de renforcer la confiance mutuelle. La communauté internationale doit, quant à elle, accompagner ces efforts en soutenant et en surveillant le cessez-le-feu dans le cadre des Nations Unies.
2. Il faut laisser le peuple syrien décider lui-même de l’avenir de son pays.
Le règlement de la question syrienne nécessite des efforts aux niveaux national, régional et international. Le processus de transition politique en Syrie doit être dirigé par le peuple syrien, et l’avenir de la Syrie ne peut être décidé finalement que par le peuple syrien lui-même.
La communauté internationale doit défendre fermement la Charte des Nations Unies et les règles fondamentales régissant les relations internationales, veiller à préserver la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie et respecter la volonté et les choix du peuple syrien. Elle doit adopter une attitude équitable, équilibrée et impartiale à l’égard des différentes parties syriennes, travailler constamment à créer des conditions favorables et un climat nécessaire à la mise en place d’un plan de transition politique, et éviter dans le même temps d’imposer de l’extérieur une solution politique. Il lui convient de préserver et de mettre en valeur le rôle des Nations Unies en tant que canal principal des efforts de médiation sur le dossier syrien, en créant sans cesse des conditions favorables à cette fin.
La Chine attache une grande importance et apporte son soutien au rôle actif des pays de la région dans le règlement politique de la question syrienne.
3. Il faut faire avancer le processus de transition politique inclusif.
Ce processus doit viser les objectifs suivants : mettre fin aux conflits meurtriers, lutter contre le terrorisme, rétablir la stabilité et l’ordre dans le pays ; assurer l’égalité des chances à toutes les communautés ethniques, religieuses et confessionnelles, mettre en place une structure de pouvoir et un arrangement politique justes et rationnels et répondre à l’aspiration des Syriens à un État démocratique, pluriel et harmonieux ; faire avancer le processus de reconstruction en Syrie ; et faire de la Syrie un acteur important de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient.
La Chine prend note des divergences et des contradictions qui existent entre les positions et revendications des différentes parties syriennes. Camper sur ses positions ne conduira qu’à l’impasse, et seules la compréhension et la concession réciproques permettront de trouver une issue. Nous espérons que les différentes parties syriennes pourront, dans l’intérêt de l’avenir de leur pays et de l’ensemble du peuple syrien, montrer leur volonté politique et, sur la base de leurs positions respectives, faire chacune un pas vers les autres, afin de trouver une « voie médiane » en s’inspirant des expériences internationales et régionales utiles et en tenant compte des réalités nationales et des intérêts de toutes les parties syriennes.
La Chine appelle les différentes parties syriennes à se mettre d’accord le plus tôt possible sur les éléments concrets et un calendrier raisonnable du processus de transition politique, à établir une autorité transitoire dotée des pleins pouvoirs exécutifs sur la base du consentement mutuel et à assurer la continuité et l’efficacité des institutions d’État en Syrie. La Chine respectera et soutiendra tout plan de transition politique qui soit acceptable pour toutes les parties syriennes.
4. Il faut œuvrer pour la réconciliation et l’unité nationales en Syrie.
La réconciliation nationale constitue une tâche ardue et de long terme pour la Syrie. Le processus de réconciliation nationale, composante importante du règlement politique de la question syrienne, doit avancer parallèlement et se compléter mutuellement avec le processus de transition politique. Les différentes parties syriennes sont appelées, à cet égard, à libérer davantage de personnes arbitrairement détenues ; à assurer au processus de transition politique une large représentativité et une grande inclusivité pour que les avis des différentes parties syriennes soient pleinement entendus, ainsi qu’à garantir effectivement les droits et intérêts des ethnies minoritaires, des réfugiés et des femmes ; à prévenir les actes discriminatoires, incitatifs et de représailles pour des raisons ethniques, religieuses ou confessionnelles ; à ouvrir un dialogue de réconciliation nationale en vue de préserver la solidarité nationale en Syrie ; et à respecter et à garantir les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
5. Il faut poursuivre l’aide humanitaire en Syrie et dans les pays voisins.
La communauté internationale est appelée à accroître son aide humanitaire au peuple syrien, de sorte à garantir l’installation des réfugiés syriens à l’étranger et un accès rapide aux aides pour ceux qui en ont besoin dans le pays. Toutes les parties syriennes doivent, conformément aux exigences du Conseil de Sécurité, concourir énergiquement au travail humanitaire mené par les Nations Unies et les institutions internationales dans toutes les zones affectées par les conflits, et leur assurer un accès sécurisé et sans entrave. La communauté internationale doit agir dans un esprit d’humanité, d’impartialité et de neutralité, observer les principes directeurs des Nations Unies concernant l’aide humanitaire et veiller à ce que les questions humanitaires ne soient pas politisées et que l’aide humanitaire ne soit pas militarisée.
(Source : Ambassade de Chine à Niamey)