Niamey, 17 déc. (ANP)- L’historien et spécialiste de l’histoire des relations internationales Professeur Mamoudou Djibo nous rappelle, au cours d’un entretien accordé à l’agence nigérienne de presse, comment le Niger a été proclamé République le 18 décembre 1958, ainsi que, la portée et signification de la république proclamée et l’avantage des fêtes tournantes instituées dans notre pays. Selon Mamoudou Djibo PHD, le Niger avait commencé par deux simples cercles, le cercle de ‘’Zarma’’ et celui de ‘’Zinder ‘’ qui ont été fusionnés en décembre 1900 pour donner naissance au 3ème territoire militaire du haut Sénégal-Niger. Il va évoluer en territoire militaire du Niger, territoire du Niger, et va devenir colonie du Niger en 1922. Dans le cadre de la constitution de la 4ème République française adoptée en octobre 1946, le Niger va devenir un territoire d’outre-mer qui est le résultat de la mise en œuvre des principes posés par cette constitution, notamment avec la loi cadre promulguée le 23 juin 1956. Le Niger devient alors un territoire autonome avec une assemblée territoriale, et un conseil de gouvernement. Le territoire militaire qu’il est, devient un Etat membre de la communauté au lendemain du référendum du 28 septembre 1958 qui a donné naissance à la 5ème République française et l’Etat du Niger est proclamé République le 18 décembre 1958. ‘’C’était émotionnel et extraordinaire’’ a déclaré le professeur Mamoudou Djibo.‘’ Pour la portée, au moment de sa proclamation, le Niger ne disposait d’aucun attribut spécifique à même de l’ancrer dans les consciences politiques, y compris de l’élite. Alors qu’une république doit avoir des attributs propres qui incarnent le peuple et ses valeurs, celle-ci semble vide de contenu, en termes de symboles : le drapeau et la devise ne seront adoptés que le 23 novembre 1959 ; l’armée nationale (créée sur le papier le 1er aout 1960), l’hymne national, la nationalité nigérienne, les sceaux et armories ne seront adoptés et rendus effectifs qu’en 1961. Jusqu’à leurs adoptions respectives, les attributs de la République du Niger étaient ceux de la communauté, définis pour l’ensemble des Etats membres. En dehors de ces attributs, la souveraineté que suggère une république doit s’appuyer ou s’exercer sur un territoire propre. Or, au moment de sa proclamation, l ’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS), créée en janvier 1957, avait compétence sur les 9/10e du territoire du Niger, soit environ 1 036 000 km2 sur une superficie totale de 1 267 000 km2 (Treyer Claude, 1966 :286) ‘’, témoigne PHD.Selon le professeur Mamoudou Djibo, ‘’ la signification de la République était loin d’être évidente pour les populations puisqu’il n’y a eu ni débat public préalable ni référendum pour les sensibiliser, les impliquer dans le processus, les responsabiliser face au nouveau statut. Au lendemain de sa proclamation il n’y a pas eu, non plus, de sensibilisation pour expliquer et susciter une adhésion civique. Proclamée ‘’d’en haut ‘’, elle n’a pu ainsi être ni appropriée ni intégrée dans les consciences pour poser les bases d’une conscience politique préalable au développement d’une conscience républicaine. Il n’est dès lors pas exagéré de considérer que cette 1ère République découlait plus d’un pays peut-être légal que d’un pays réel (les populations nigériennes concernées) : la diffusion de sa portée, de sa signification et de ses valeurs a donc été limitée. ‘’‘’Par rapport à la fête tournante du 18 décembre, je me dis que le 18 décembre est déjà pour nous une date symbolique, historiquement c’est notre passé. Nous devons l’intégrer à notre vie, nous devons la célébrer parce que je rappelle encore le symbole que cela avait représenté en 1958. Si c’est une occasion pour communier avec le reste du pays, c’est une très bonne chose. Du temps de Diori, c’était la semaine de la jeunesse, qui a été remplacée en festival par le General kountché, puis Tandja avait organisé la fête tournante, et le président Issoufou l’a reproduite, mais une idée est là, c’est tournant et ça permet à chaque région d’accueillir les représentants des autres régions pour communier au moins une semaine, c’est déjà très important. L’autre aspect qui donne une portée extraordinaire, c’est que ça permet d’équiper les chefs-lieux des régions de les moderniser et de changer leurs visages. Au moins là, c’est du concret, ce n’est pas une fête où il faut venir défiler juste pour partir, et il y a des réalisations qui sont faites’’ a indiqué Mamoudou Djibo.Le Niger fêtera demain 18 décembre 2018 les 60 ans de la République dont les festivités se sont déroulées, cette année, à Zinder (plus de 800 km à l’Est), rappelle-t-on.ADA/MHM/ANP-106 Décembre 2018