Niamey, 15 oct. (ANP)- Deux fois reportée, la rentrée des classes au niveau du primaire, du secondaire et des enseignements professionnels et techniques s’est effectué ce 15 octobre à Niamey dans un contexte de covid 19.
Les principaux acteurs apprécient diversement cette reprise : si les autorités en charge de l’éducation et les responsables des écoles se réjouissent d’une ‘’rentrée effective’’, en revanche, les syndicats des enseignants dénoncent plutôt ‘’une rentrée politique’’ et menacent de déposer un préavis de grève accompagnée d’une plateforme revendicative.
Au plan équipement, au niveau bureau de la directrice d’une école visitée, l’ANP a constaté la disponibilité des matériels fournis par les autorités pour le démarrage des activités académiques. ‘’Nous avons eu les matériels didactiques et pédagogiques nécessaires pour toute l’année, toutes les conditions nécessaires pour une bonne rentrée sont réunies’’, a rassuré la directrice.
Le protocole sanitaire anti-covid-19 est aussi bien respecté : masquée, l’administratrice déballe les lots de savons et autres détergents destinés au nettoyage et la désinfection des salles de classe pour rendre le cadre plus sain, dans ce contexte de pandémie de Covid-19.
Ces classes ont servi d’abri de circonstance jusqu’à la veille par les sinistrés des inondations occasionnées par la crue du fleuve et les pluies diluviennes.
La directrice note que ‘’Les dispositifs de lavage de mains sont également acheminés. Nous sommes sur le point de désinfecter les classes pour permettre à nos élèves et enseignants de travailler dans un cadre sain, car jusqu’hier, les classes étaient occupées par les sinistrés’’.
La vaste cour de l’école primaire Rive Droite 1 de Niamey a retrouvé son ambiance : éclats de rire, parties de jeux, attroupements autour des vendeuses de nourritures redonnent vie aux lieux. La joie se lit sur les visages.
Autre quartier, même ambiance de retrouvailles.
A l’administration du complexe scolaire secondaire (CES) Zam, situé au quartier Koira Kano, le proviseur, Abba Halilou témoigne : ‘’Je puis vous rassurer que nous avons effectué la rentrée dans de très bonnes conditions dans la mesure où pratiquement tout le personnel administratif et enseignant est là, de même que les élèves’’.
‘’Nous avons également eu les fournitures nécessaires pour toute l’année’’ s’est réjoui le responsable de l’école Zam, qui rassure que ‘’pour ce qui est des mesures anti-covid-19, les dispositifs de lavage des mains nous sont fournis, de même que les bavettes’,’ a-t-il confié.
Du côté des syndicats des enseignants, on tient un autre langage.
Bagué Moro, membre du bureau exécutif national (ben) du syndicat national des enseignants du secondaire (snes), pense que cette ‘’ rentrée est mal préparée ‘’, car selon lui, on ne peut pas effectuer une bonne rentrée quand des enseignants végètent dans ‘’des mauvaises conditions de vie et de travail’’.
« L’Etat n’a pas recruté des enseignants depuis 2014.Et même les camarades qui ont eu la chance d’être recrutés, n’ont pas eu des numéros matricules et n’ont pas été soldés jusqu’à maintenant. Cela fait six ans qu’ils attendent. Il y a aussi l’irrégularité du paiement des pécules des enseignants contractuels, qui passent parfois deux à trois mois sans être payés. Il y a aussi les affectations arbitraires et les coupures en cas de grève que nous fustigeons’’ a cité le syndicaliste.
C’est face à tous ces problèmes, dit-il, que son syndicat a déjà déposé un préavis de grève de 48h, et que si rien n’est fait dans ce délai la grève est inévitable.
Bagué Moro estime que leur grève doit aussi être celle des parents d’élèves car ‘’si l’école marche, ce sont leurs enfants qui réussiront’’ et au cas contraire ‘’leurs enfants qui échoueront’’.
Rappelons que le lancement officiel de la rentrée scolaire 2020-2021 au Niger a eu lieu cette année à Tahoua par le Ministre des enseignements secondaires, M. Mohamed Sanoussi Elhadji Samro.
MSB/AS/CA/ANP 091 Octobre 2020