Retraite au Niger : Kanguey ou 18 ans de combat contre la précarité (Témoignages)

Retraite au Niger : Kanguey ou 18 ans de combat contre la précarité (Témoignages)

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Niamey, le 30 oct. (ANP) – Considérée comme un moment de repos et même de loisirs après une vie active bien remplie pour les uns, période de précarité et d’antichambre de la mort pour d’autres, la retraite est différemment vécue selon les conditions de sa préparation ou du profil du retraité.

M. Kanguey Oumarou, ancien manœuvre de l’Etat du Niger, nous donne la preuve qu’il y’a certes une vie après la retraite, mais qu’elle peut ne pas être de tout repos, qu’elle exige d’autres sacrifices.

Ce natif de Tahoua est admis à faire valoir ses droits à la retraite il y a 18 ans. Vieux Kanguey, aujourd’hui âgé de 78 ans, est père de 11 enfants (5 filles et 6 garçons). Il reste à la maison sans rien faire. Sa pension trimestrielle tourne autour de 40.000 F CFA.

Ne disposant pas de son propre toit, ce vieux, aux cheveux tout blanc, à la vision très réduite, est toujours en combat perpétuel avec le loyer malgré son physique très fatigué.

« Depuis 18 ans que je suis à la retraite, je ne bénéficie d’aucune assistance et je vis dans une précarité qui est indescriptible », nous a-t-il indiqué.

« Pour moi la retraite est une vie de malheureux, de misère, ma pension de manœuvre ne me permet même pas de payer le loyer », rapporte-t-il, tout en soulignant qu’aucun de ses enfants n’a réussi dans son cursus scolaire. « Je n’ai pas un seul qui a dépassé le cap du collège », témoigne-t-il avec regret.

« C’est pourquoi être à la retraite et ne pas avoir un enfant qui a réussi dans la vie est une forme de mort-vivante pour un retraité comme moi, un analphabète », selon vieux Kanguey, qui informe que son analphabétisme lui a du reste beaucoup coûté dans la constitution du dossier d’accès à la pension, qui est un véritable travail d’archive.

Outre la précarité financière, certains retraités sont confrontés aux paperasseries administratives et leur lourdeur, à l’ingratitude même d’une administration qu’ils ont pourtant servie avec loyauté.

« Comme je ne sais pas lire et écrire, j’étais obligé de confier mon dossier à un parent qui, lui aussi, ne me l’a pas fait gratuitement. Après la réception du carnet de pension, un autre parcours de combattant s’est annoncé pour moi le jour où je devais recevoir ma première pension », nous a expliqué M. Kanguey, mélancolique.

« Ailleurs la retraite se prépare, au Niger, avec notre maigre salaire de manœuvre, il est pratiquement impossible d’avoir une retraite rose. Les pensions sont insignifiantes, beaucoup d’entre les retraités comptent sur ces maigres sommes qui sont versées trimestriellement, alors que les charges sont plus pesantes », note-t-il.

Bien plus, nous a fait savoir M. Kanguey, « profitant de notre précarité financière, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) nous propose des prêts qu’elle impute en trois trimestres pour nous rendre plus vulnérables et misérables ».

ISA/KPM/CA/ANP- 00198 Octobre 2020

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