Niamey, 19 Novembre (ANP) – Les inondations causées par les pluies diluviennes enregistrées cette année sur toute l’étendue du territoire nigérien ont engendré d’importants dégâts économiques et sociaux à plusieurs niveaux.
Parmi les secteurs économiques les plus touchés figure celui de la riziculture. Selon une évaluation de la Fédération de l’Union des Coopératives Rizicoles du Niger (FUCOPRI), ce sont environ 3742 hectares de production rizicole qui ont été inondés, soit plus de 753 millions de francs CFA d’investissement perdus.
« Nous avons enregistré quelque 3742 hectares inondés. 15814 chefs d’exploitation ont été sinistrés, plus de 200 tonnes de semences perdues », a déclaré sur VOA le Secrétaire Général de ladite organisation, M. Mahamadou Adamou.
« En ce qui concerne les investissements des producteurs, c’est-à-dire les opérations de labour, de repiquage et de désherbage, ce sont plus de 753 millions F CFA qui ont été engloutis par les eaux. Sur les dépenses des coopératives, c’est-à-dire les factures d’électricité, des semences et de réparation des pompes, nous déplorons des pertes qui s’élèvent à 462 millions F CFA, alors que les pertes en engrais se chiffrent à 611.948.000 francs CFA », soit au total quelque 1.827.000.000 francs CFA de pertes.
Avec un rendement minimum de 6 tonnes par hectare, la perte en production s’élève à 22454 tonnes de riz paddy, soit l’équivalent de 4.154.000.000 F CFA.
Selon la même source, certains périmètres sont à leur 5ème inondation depuis 2012. Sur les 37 périmètres rizicoles, plus de 30 sont inondés dont 17 complétement sous les eaux, sur une superficie totale de 6975 hectares repiquée.
Des pistes de solutions proposées par la FUCOPRI
Au regard de l’ampleur des dégâts dont la prise en charge dépasse largement les coopératives et les Fédérations agricoles, le Secrétaire général de la FUOPRI lance un appel auprès de l’Etat et ses partenaires pour « venir en aide à ces riziculteurs ayant déjà tout perdu et qui sont devenus des sans-abris sans aucune autre source de revenu ».
Selon Mahamadou Adamou, la solution à court terme serait d’apporter des produits de première nécessité à ces riziculteurs sinistrés, instruire l’ONAHA pour procéder à l’évacuation des eaux afin de permettre de sauver la campagne de l’année prochaine.
A moyen terme, M. Adamou propose que des dispositions indispensables soit prises pour la fourniture d’intrants, c’est-à-dire les semences et les engrais, prendre toutes les dispositions nécessaires pour construire des digues de protection de meilleure qualité afin d’éviter ces genres de situation qui durent depuis plusieurs années.
A long terme, il suggère de « prendre des dispositions pour une meilleure réhabilitation des périmètres et finaliser ceux dont les travaux ne sont toujours pas finis depuis 2017 ; de mettre en place un pont de calamité mateur pour soutenir les producteurs en pareille circonstance ; de traiter les bassins versants afin de réduire l’ensablement du fleuve et des périmètres ; d’accélérer la construction du barrage de Kandadji afin de maitriser le débit du fleuve et promouvoir ainsi la riziculture au Niger.
« Les riziculteurs demandent une assistance urgente de la part des autorités pour les prochaines campagnes avant de voir à long terme comment solutionner ces problèmes récurrents », a conclu M. Mahamadou Adamou.
Un coup dur pour le programme présidentiel d’autosuffisance en riz
Les pertes causées par ces inondations interviennent à un moment où le Niger met en œuvre le programme présidentiel d’autosuffisance en riz.
En effet, le Niger est grand importateur de riz. Chaque année, pas moins de 150 milliards de francs CFA sont injectés pour l’importation de cette denrée. Ce programme vise non seulement à garantir une autosuffisance des besoins en riz des Nigériens entre 2019 et 2025, mieux il ambitionne de faire du Niger un pays exportateur du riz à partir de 2026.
Selon les prévisions, la production nationale du riz blanc passera de 94 129 tonnes en 2019 à 607 916 tonnes en 2025 et 732 716 tonnes en 2030.
Selon l’office national des aménagements hydro-agricoles (ONAHA), cette augmentation aura pour effet immédiat une réduction substantielle de l’importation du riz, qui passera de 358 280 tonnes en 2019 à 18 469 tonnes en 2025.
« Le pays enregistrera alors une amélioration significative de sa balance de paiement et une économie importante de devises », rapporte un communiqué de l’ONAHA.
Selon cet office, cette augmentation de la production en riz du Niger s’explique techniquement par la conjugaison de plusieurs facteurs favorables, parmi lesquels l’accroissement des superficies aménagées et l’amélioration des rendements qui passeront de 6,3 à 8 tonnes/ha sur les aménagements hydro-agricoles entre 2019 et 2022. Cette augmentation permettra d’améliorer la contribution du secteur agricole au produit national brut (PNB).
A cela s’ajoutent d’autres facteurs comme le renforcement des capacités des trois usines de la société Riz du Niger (RINI), à savoir celles de Kollo, Tillabéry et Niamey.
Il faut aussi mettre dans ce registre l’amélioration de la capacité des producteurs en renforçant leurs compétences et techniques de production, de conservation, de transformation et de commercialisation du riz.
La mise en œuvre de ce programme va engendrer plus de 176 780 emplois directs permanents et plusieurs milliers d’emplois temporaires et d’emplois indirects.
L’un des objectifs du programme, notamment la substitution d’importation du riz blanc, une fois atteint, devra provoquer une amélioration significative de la balance du Niger.
HA-MSB/KPM/ANP-111 Novembre 2020