Niamey, 20 Avril (ANP) – Reporter Sans Frontière (RSF) vient de publier, ce mardi 20 Avril, son rapport annuel sur la liberté de presse dans le monde. Dans ce rapport qui a porté sur 180 pays à travers les cinq (5) continents, le Niger a dégringolé de deux (2) rangs par rapport à l’année passée, en passant de la 57ème à la 59ème place.
Pour l’année 2021, RSF a mis l’accent sur l’exercice du journalisme dans le monde dans une période de pandémie du coronavirus. Selon le rapport, le constat de l’association internationale de défense des droits des journalistes est d’autant plus inquiétant.
« Le Classement mondial de la liberté de la presse, qui évalue tous les ans la situation de la liberté de la presse dans 180 pays et territoires, montre que l’exercice du journalisme, principal vaccin contre le virus de la désinformation, est gravement entravé dans 73 des 180 Etats du Classement établi par RSF et restreint dans 59 autres, soit au total 73% des pays évalués », indique le rapport.
« Ces chiffres correspondent au nombre de pays classés rouge ou noir sur la carte mondiale de la liberté de la presse, c’est-à-dire ceux dans lesquels le journalisme est dans une “situation difficile”, voire “très grave” et à ceux classés dans la zone orange, où l’exercice de la profession est considérée comme “problématique” », poursuit le texte du RSF.
Au Niger, Reporter Sans Frontière souligne une détérioration des libertés qui sont d’ailleurs « encore loin d’être consolidées », même s’il note des « exactions en baisse » contre les professionnels des medias.
« Le Niger a enregistré une baisse encourageante des atteintes à la liberté de la presse ces deux dernières années, mais les sujets de préoccupations restent nombreux », a constaté RSF, qui remarque aussi que « le gouvernement peine encore à faciliter l’accès des médias privés à la publicité et à fournir une véritable information de service public à la population nigérienne ».
« Dans un contexte régional marqué par la lutte contre le terrorisme, les déplacements des journalistes dans les zones les plus dangereuses restent limités, et l’accès aux informations concernant le terrorisme ou les migrants se révèle très difficile. La rétention d’information vient aussi bien des autorités que de certaines organisations internationales », dénonce RSF.
« Ces dernières années, plusieurs journalistes ont été arrêtés et des médias suspendus de manière arbitraire. Il arrive parfois que des journalistes soient jugés et emprisonnés sur la base des articles du Code pénal ou de la nouvelle loi très controversée sur la cybercriminalité, comme ce fut le cas pour une journaliste en 2020, et non sur celle de la loi sur la presse, qui a mis fin aux peines privatives de liberté pour les délits de presse. Les poursuites lancées en 2020 contre le directeur de publication de L’Événement et le placement en garde à vue de son confrère du Courrier pour avoir révélé des malversations financières au sein du ministère de la Défense témoignent des menaces qui pèsent sur le journalisme d’investigation et des progrès à accomplir pour protéger les journalistes qui contribuent, par leur travail, à la lutte contre la corruption. En 2017, un journaliste réputé pour sa vision critique de la gestion des affaires publiques avait été condamné à deux ans de prison ferme, et à 10 ans de privation de droits civils et politiques. Bien qu’il soit nigérien, il a été expulsé dès sa sortie de prison vers le Mali. En 2018, près d’une dizaine de médias avaient été fermés pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour raisons fiscales, alors que la plupart des organes souffrent d’une grande précarité économique », a critiqué le rapport.
Cette année, le Niger est détrôné de son rang de 2020 par Madagascar. Il devance tout de même, dans la Région africaine, des pays comme la Côte d’Ivoire (de 7 rangs), la Tunisie (de 14 rangs) ou encore le Togo (de 15 rangs). A l’échelle globale, le pays devance le Japon de 8 points, la Grèce de 11 points, ou encore l’Israël de 27 points.
MSB/KPM/ANP-0101 Avril 2021