Maradi, 23 juillet (ANP)- A l’instar des autres régions de notre pays, Maradi a fêté l’Aïd el Ad adha, le 20 juillet 2021. Cette fête dite de moutons s’est déroulée dans un contexte caractérisé par l’insécurité ayant provoqué l’abandon, par les fidèles musulmans, du bois au profit du charbon pour griller les carcasses des moutons de la fête.
Comme son nom l’indique, cette fête est consacrée au sacrifice des moutons ou toute autre bête telles que les caprins, les bovins ou camelins, selon la possibilité du croyant. La particularité cette année est que le prix du béliers est tellement élevé à telle enseigne que le choix des familles s’est porté sur les autres bêtes recommandées.
‘’Les moutons qui coutaient 50.000 voire 60.000 FCFA se vendaient à 90.000 voire 100.000 CFCA. Avec notre petite bourse, on ne peut que se rabattre sur les brebis ou les boucs’’ a indiqué un père de famille.
Pour Abdou Moussa, un revendeur de bétail au marché de Maradi, la cherté des moutons s’explique par le faite que depuis les points d’approvisionnement, ils achètent ces bêtes à un prix rehaussé.
‘’Et comme il faut tirer profit de son commerce, nous les revendons en faisant aussi des profits. Il y a eu des moutons pour toutes les bourses. Seulement, pour avoir un gros mouton, il faut aussi conséquemment débourser’’ a-t-il dit.
Mais le grand changement observé cette année réside dans l’utilisation du bois de chauffe pour la grillade des moutons. En lieu et place de l’utilisation du bois mort, on constate une forte utilisation du charbon dont la production est faite à base du bois vif en provenance de la forêt de Madarounfa.
Selon M. Salissou Saley revendeur de charbon, le charbon produit en grande quantité en provenance de cette zone a créé une situation d’abondance sur le marché au point où malgré la forte demande à l’occasion de la fête, les prix n’ont pas changé d’un iota.
‘’Le sac se vend à 4.500FCFA depuis longtemps et il n’a pas changé, malgré la fête’’ a-t-il précisé.
Cette activité de production de charbon connait son envol à cause du grand banditisme qui affecte cette zone. Victimes des vols de bétail, d’enlèvements avec demande de rançon, et face à l’impossibilité de cultiver leurs champs, les populations de cette zone n’ont aucune source de revenu pour survivre que la production de ce charbon.
Pour le Colonel Hamadou Adamou, Directeur régional de l’environnement de Maradi, il y a une circulaire du Ministre de l’environnement qui rappelle l’interdiction de la production du charbon de bois sur le territoire nigérien.
Toutefois, certains massifs forestiers sont mis en exploitation de manière contrôlée.
‘’Malheureusement, nous avons beaucoup plus de fraude que de situation régulière au niveau du prélèvement’’ annonce-t-il.
Il a reconnu que le problème d’insécurité dans cette zone est pour beaucoup dans ce phénomène de production de charbon.
‘’C’est une situation très grave surtout dans l’avenir. Vous n’êtes pas sans savoir que les arbres jouent beaucoup dans la minéralisation des sols. Ce processus s’anéantit dès qu’il n’y a plus d’arbre’’ averti-t-il.
AT/AS/ANP 0132 Juillet 2021