Niamey, 30 mai (ANP)- Le Président de la République Mohamed Bazoum a le 28 mai 2022 dernier dans son message à Malabo fait ressortir une relation de cause à effet entre le terrorisme et la survenue des coups d’Etat dans l’espace sahélien, particulièrement en Afrique de l’Ouest.
S’adressant aux Chefs d’Etat de l’Union Africaine (UA) réunis à Malabo pour un sommet extraordinaire, le Président Bazoum a fait remarquer, à cette occasion, que le terrorisme au Sahel n’est porteur d’aucun projet de société et l’islamisme dont se réclament les terroristes manque de réelle motivation religieuse.
Après avoir énuméré les pratiques terroristes au Sahel, le Chef de l’Etat nigérien a indiqué que ‘’le terrorisme est entaché de tares congénitales qui le privent de toute capacité de devenir un mouvement politique viable à même de mettre en place des structures administratives susceptibles de fonder et gérer un État’’.
Cependant, a-t-il reconnu, ‘’le terrorisme peut provoquer de grandes destructions sur les sociétés où il sévit car la violence exercée sur les populations par les groupes armés terroristes ainsi que les conflits intercommunautaires meurtriers qui ont par endroits résulté de leur action provoquent le déplacement de populations très nombreuses induisant une détresse humanitaire à grande échelle’’.
Au plan économique, ‘’cela a un contrecoup considérable sur l’économie des zones affectées où les services sociaux de base ne fonctionnent plus tout autant que sont totalement perturbées les activités à caractère économique’’ a poursuivi le Président Bazoum pour qui ‘’les effets du terrorisme ont un potentiel d’impact encore plus fort dans la déstabilisation des institutions étatiques’’.
La conséquence de cette situation est les changements anticonstitutionnels intervenus au Mali puis au Burkina Faso, avec pour justificatif, la non maîtrise par les pouvoirs public et militaire de l’insécurité qui sévit dans cette zone, a fait valoir le dirigeant nigérien.
‘’Pour légitimer leur action, les auteurs des coups d’Etat ont invoqué le désarroi des populations face à cette agression terroriste brutale et la désolation qu’elle a provoquée’’, a souligné Mohamed Bazoum.
‘’Dans leur narratif justifiant leur intervention les militaires ont promis une victoire rapide sur le terrorisme d’une part et la promotion d’une gouvernance frappée au coin de la vertu d’autre part’’, a-t-il relevé.
Cependant, a indiqué le Président de la République, ’’la situation sécuritaire s’est plutôt dégradée depuis lors et la promesse des changements dans la gouvernance tarde à se manifester’’.
En vérité, selon Bazoum, ‘’l’arrivée des militaires à la tête de ces deux pays a eu pour effets d’affaiblir leurs armées respectives mises sens dessus dessous, d’isoler ces pays à un degré plus ou moins important de la communauté internationale et d’affecter leur coopération financière et militaire avec celle-ci’’.
Pour le Président nigérien, ‘’le terrorisme sahélien ne peut être bien compris s’il n’est pas corrélé au contexte de la grave crise économique que traverse cet espace du fait d’une pauvreté de masse provoquée notamment par le changement climatique’’
‘’Ils ne sont donc nullement une solution ni pour lutter contre le terrorisme encore moins pour promouvoir la bonne gouvernance’’ a tranché le Président Mohamed Bazoum avant de soutenir qu’ils constituent, au contraire, ‘’un facteur de régression pour l’Etat de droit et la démocratie et exposent les pays à des périls inédits’’.
AS/CA/ANP 0202 mai 2022