Des enfants drépanocytaires pris en charge avec l’appui de MSF à l’hôpital de district de Madarounfa

Des enfants drépanocytaires pris en charge avec l’appui de MSF à l’hôpital de district de Madarounfa

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Tillabéri, 21 Juin (ANP) – Médecins Sans frontières (MSF) en partenariat avec le ministère de la Santé du Niger prend en charge plus de 260 enfants atteints par la drépanocytose à l’hôpital de district de Madarounfa, dans la région de Maradi. Principale maladie génétique et héréditaire en Afrique, la drépanocytose touche plus de 50 millions de personnes dans le monde. Au Niger le ministère de la Santé évaluait en 2018 son taux de prévalence à 23,2 % dans le pays.

En 2021, à l´occasion de la journée mondiale de lutte contre la drépanocytose, célébrée tous les 19 juin, le Ministre de la Santé Publique déclarait que le Niger fait partie des pays où la drépanocytose constitue un problème majeur de santé publique. Et afin de faciliter l’accès aux soins des patients souffrants de cette maladie, les autorités sanitaires ont créé une structure dédiée, le Centre National de Référence de la Drépanocytose, avec lequel les équipes de MSF travaillent en collaboration.

La drépanocytose se caractérise principalement par une anomalie de l’hémoglobine, une protéine contenue dans les globules rouges du sang qui permet de transporter de l’oxygène vers les organes du corps. Elle se développe dès le plus jeune âge, avec de graves conséquences sur la santé et la survie des enfants touchés qui ont généralement une anémie se traduisant par une fatigabilité, des vertiges, des essoufflements, une sensibilité accrue aux infections, et des crises douloureuses causées par une mauvaise circulation sanguine et par le manque d’oxygénation des tissus (surtout les os). Dans les formes les plus sévères ces crises sont très fréquentes, intenses et atteignent des organes vitaux – on les appelle des crises vaso-occlusives.

Dans la région de Maradi, à Madarounfa, Médecins Sans Frontières, en partenariat avec les autorités sanitaires, est mobilisé contre la drépanocytose à travers la mise en place d’un service pédiatrique dédié au suivi de cette pathologie, avec un personnel formé et qualifié, à l’hôpital de district. MSF a disponibilisé des moyens de diagnostic et de traitement pour soulager les enfants et essayer de limiter les conséquences de cette maladie, comme les crises vaso-occlusives.

Aicha est la mère du petit Ibrahim âgé d’un an et deux mois. Tôt le mardi passé, elle s’est présentée au rendez- vous médical, dans le cadre du suivi de son enfant drépanocytaire.

« Mon fils n´avait que huit mois quand la maladie est apparue, explique-t-elle. Il a été hospitalisé pendant deux jours, on lui a transfusé du sang puis il a été référé dans cet hôpital pour une consultation. C’est là qu’on m’a informée qu’il souffrait de la drépanocytose. Deux semaines plus tard, on lui a fait une autre analyse de sang et on m’a dit qu’il avait la forme SS ».

La forme génétique SS indique un syndrome drépanocytaire majeur, c’est l’une des formes de drépanocytose les plus graves. Ibrahim a été référé il y a trois mois du CSI de de N´goual Mata vers l’hôpital de district de Madarounfa suite à des crises répétitives de douleurs et de fièvre interminables. C’est aujourd’hui son troisième rendez-vous. Malgré la distance parcourue par la jeune mère de manière régulière pour les soins de son fils, Aicha se dit satisfaite de l’évolution de la santé d’Ibrahim et des soins reçus. « Là, il est aussi enrhumé et il a le paludisme donc on m’a donné des comprimés et des sirops pour m’occuper de lui. Tous ses médicaments seraient trop chers pour nous si je devais tout acheter ».

La prise en charge gratuite de la drépanocytose à Madarounfa concerne les enfants de zéro à cinq ans, toutefois, souligne Souleymane Ousmane, Médecin Responsable du service pédiatrique et pathologique à l’hôpital du district, « une fois que l´enfant a été inclus dans le programme, il continuera de bénéficier du suivi jusqu’à l´âge de 15 ans ».

En ce qui concerne le traitement curatif, poursuit Souleymane Ousmane, « les patients qui présentent des complications très sévères, sont traités à base de l’hydroxyurée, un traitement spécifique qu’on a commencé récemment. Il permet de prévenir la survenue de CVO, des crises sévères et d’autres complications de la drépanocytose » Il confirme que ce traitement a déjà fait ses preuves dans de nombreux pays depuis une vingtaine d’années mais reste difficilement accessible dans les pays à ressources limitées comme le Niger.

Les patients souffrants de la drépanocytose doivent suivre des mesures spécifiques de prévention des crises et un traitement médical chronique et adapté. Ceux présentant des épisodes fréquents d’anémie profonde peuvent avoir besoin de transfusions sanguines itératives. Sans traitement, on estime que la moitié des enfants atteints de drépanocytose meurt avant d’atteindre leurs cinq ans. A Madarounfa, un traitement par l’hydroxyurée est depuis récemment fourni aux enfants drépanocytaires les plus à risque de complications liées aux crises vaso-occlusives. C’est un médicament qui a déjà fait ses preuves depuis des années pour la prévention et l’atténuation des crises vaso-occlusives dans de nombreux pays. L’hydroxyurée a été inscrite en 2013 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme médicament essentiel pour le traitement des maladies de l’hémoglobine chez les enfants, mais elle reste encore difficilement accessible au Niger et dans la région.

MTM/SML/ANP/148/ Juin 2022

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