Agadez, 3 Oct (ANP) – Le Ministre de la santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales Idi Illiassou Maïnassara a effectué une visite de travail au niveau des différents centres sanitaires de la région d’Agadez du 26 au 28 septembre 2022.
La mission de travail du ministre de la Santé Publique à Agadez a pour but, de superviser les différentes activités de soin qui se font dans cette région, mais surtout d’apprécier la mise en œuvre du document de référence qui est le PDS (plan de développement Sanitaire), une déclinaison du Programme de la renaissance acte III du Président de la République dans son volet sanitaire.
La mission vise également à analyser les différents indicateurs clés de la région et vérifier la mise en œuvre des différentes recommandations, directives et protocoles pour améliorer le système de santé.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a pris l’engagement de doter la région d’Agadez d’une unité de production d’oxygène pour couvrir l’ensemble de la région mais également d’autres appuis réceptionnés (donation en médicaments et consommables) d’une valeur de près de 500 millions de FCFA. A cela s’ajoute l’appui de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) qui met à la disposition de la région d’Agadez, l’appareil du PCR de grande capacité et cet appareil au-delà des examens PCR qui rentrent dans la gestion du Covid 19, d’autres examens pourront se faire que ce soit dans la recherche du VIH, de l’hépatite, de rubéole et de la rougeole .
Selon le ministre de la Santé Publique, ‘’c’est une satisfaction suite à ces différentes visites effectuées au niveau des structures publiques et privées de la région mais également au niveau des différents centres de référence régionaux comme le Centre Mère et Enfant, le CHR (Centre hospitalier Régional) où il a apprécié la disponibilité des agents en terme d’engament au niveau des différentes structures de santé, la qualité tant des soins que des intrants en particulier les médicaments de prise en charge du paludisme dont le gouvernement a, dès cette année, pris l’engagement de rendre gratuit la prise en charge du paludisme aussi bien chez les enfants que les adultes’’ .
Au niveau des différents centres visités le Dr Illiassou Idi Maïnassara a trouvé une disponibilité des intrants et a constaté une implication importante des autorités régionales notamment le Gouverneur, le Conseil régional, les élus locaux, le conseil municipal et les acteurs de la société civile ainsi que les leaders d’opinion.
Le ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales a indiqué que la mission a répondu à ses attentes car lui ayant permis de mener des discussions et exposer les différents problèmes qui assaillent les différents systèmes de santé suite à des contrats qui ont été fait lors des différentes supervisons, les inspections des différents services et les constats par rapport à l’accueil qu’il faut améliorer. La dépolitisation du système de santé, la qualité des soins à travers la disponibilité des agents, la continuité des soins, la présence effective des agents qui sont sur le terrain et d’autres problèmes ont été soulevés par les différents les responsables techniques au niveau de la région des districts. Des engagements ont été pris pour apporter des corrections aux problèmes qui sont soit gérables par le ministère de la Santé ou avec l’appui des partenaires.
Aujourd’hui il n’est plus besoin d’envoyer des échantillons à Niamey pour identifier un germe responsable des maladies précitées. Donc le bilan de la visite est satisfaisant à Agadez et le ministre en charge de la Santé Publique Dr Illiassou Idi Maïnassara a encouragé et félicité tous les agents de santé, qui travaillent sur l’étendue de cette région.
Au termes de sa visite de travail à Agadez le ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales a fait un certains nombre de constats : « beaucoup d’agents de santé cherchent toujours à quitter la région pour des raisons non objectives puisque le travail de santé quand on le choisi, il faut avoir la volonté de rester de le faire comme cela a été mon cas quand j’ai fini mes études, directement j’ai été affecté à Agadez , puis Bilma car à l’époque on ne choisit pas de partir. Ce qui est malheureux aujourd’hui, l’Etat engage des agents et avant même de rejoindre leur poste ils s’engagent dans des démarches pour refuser de partir. Maintenant nous avons pris des dispositions pour que les agents acceptent de travailler pour l’Etat ou de le quitter définitivement.
Lors des différentes supervisons nous avions fait des constats qui se résument comme le mauvais accueil qui persiste, des propos incorrectes, des comportements indécents etc. Le travail de santé est un travail en équipe et chacun a son travail dans la chaine. Du manouvre qui doit nettoyer le bloc opératoire jusqu’à celui qui pense qu’il est top. Si l’un ne fait pas le travail la chaine est cassée.
Il faut déplorer aussi la situation conflictuelle avec les patients. Quand les patients viennent vraiment on ne prend même pas le temps de les écouter, on veut tout de suite finir avec, ce qui a conduit à des abus. Un parient qui doit venir recevoir un seul sérum, on l’oblige à prendre jusqu’à trois juste pour lui prendre son argent alors qu’il n’en a pas besoin. Au lieu de le laisser continuer avec une voie qui est adaptée, on le garde. Tout ça ce sont des situations qu’on observe et je crois que les gens doivent changer parce que nous avons des textes qui régissent tout le système que ce soit la prestation, le recouvrement des couts et tout ce que nous faisons comme activité de soins.
Il y a un autre aspect notamment le retard sur les lieux de service sans motif valable surtout chez les spécialistes qui sont devenus champions en la matière. C’est aux responsables de donner toujours le meilleur exemple. Ou bien parce que tu es la femme du ministre ; du gouverneur ou du président du conseil régional tu viens quand tu veux.
Devant des situations de ce genre il faut sanctionner parce que le travail qu’on a choisi de faire c’est pour la population. Il y a également un problème d’inorganisation au sein des équipes cadres de districts ce qui se répercute sur le niveau opérationnel. Si les équipes sont bien organisées les activités seront bien menées au niveau des CSI. C’est pourquoi nous avons donné des instructions à tous les Directeurs Régionaux de Santé Publique (DRSP), quand une équipe ne travaille pas; ne fonctionne pas il faut la casser et donner la latitude aux DRSP de nous proposer des gens qui peuvent faire le travail. Il n’y pas de sentiments à cet égard. Les gouverneurs doivent appuyer les responsables de santé pour que la chaine fonctionne normalement.
Il y a également une insuffisance dans la gestion des urgences parce que les équipes ne sont pas organisées. Il y a la discontinuité des soins, la fréquence des ruptures d’activités le non respect du calendrier de garde. En 2010 on avait quelques 8000 agents de santé et aujourd’hui on avoisine les 17.000 agents de santé. C’est pour vous dire que l’Etat a consenti d’énormes sacrifices pour améliorer la santé des populations nigériennes. Le nombre de structures de santé est toujours en hausse. C’est pourquoi il faut faire des plaidoyers auprès des partenaires, de la diaspora pour accompagner les efforts de l’Etat.
cependant depuis les CSI , le Centre Mère et Enfant , jusqu’au CHR on a constaté que la situation est satisfaisante par rapport à la situation des médicaments, à l’utilisation qui en est faite, mais au niveau des certains CSI , ce qui est sûr, si l’on prend l’ensemble des CSI on trouve beaucoup où la situation laisse à désirer parce que les gens ne prennent pas le temps de remplir les outils de gestion de ces médicaments et ce sont eux-mêmes qui créent la rupture parce qu’ils ne maitrisent pas la situation des consommations des mois précédents.
Nous avons des antipaludéens en quantité mais jusqu’à cette date il y a des centres où le personnel de santé continue à prescrire des antipaludéens au patients alors que l’Etat avec l’appui des partenaires a mis des moyens pour rendre disponible les antipaludéens. Malheureusement il y a des centres qui prescrivent autres choses qui ne sont pas dans le protocole national. Et quand on dit un protocole national nous avons l’obligation de le respecter.
Pour ce qui concerne les ressources matérielles c’est une question de maintenance. Le problème de la chaine de froid est un problème de communication. L’ingénieur biomédical de la DRSP, personne ne sait où il se trouve. Une chaine de froid pour la région qui est en panne depuis trois mois juste un petit problème de pièce défaillante. Il s’agit tout simplement d’une fuite de responsabilité.
Pour ce qui est de la gestion des données, on a constaté que dans beaucoup de services, les différents responsables ne s’intéressent pas aux collectes, analyses de données, qualité des données et on pense que tout cela ne doit intéresser que le chargé de la surveillance épidémiologique. Il y a une fuite de responsabilité à ce niveau et il faut y remédier ».
La représentante de l’OMS au Niger a quant à elle, remercié les autorités régionales pour leur disponibilité ainsi que le personnel de santé. ’’Nous avons relevé des points faibles ainsi que des points forts, mais les points forts étaient plus nombreux et que les points faibles doivent être améliorés de manière continuelle. D’ailleurs certains ont été améliorés sur place à travers les conseils donnés par le ministre qui lui-même est du métier et d’autres choses seront améliorées après.
Au niveau de l’OMS, nous allons doter la région d’une centrale de production d’oxygène et d’ici la fin de l’année tout sera fonctionnel. Nous avons noté une insuffisance de moyens pour la surveillance et mes collaborateurs vont travailler avec les responsables de la région pour apporter des solutions. Nous allons continuer à collaborer avec les autres partenaires pour l’amélioration de la santé des populations ‘’.
Le Gouverneur d’Agadez M. Magagi Maman Dada s’est lui appesanti sur trois points essentiels à savoir la migration, le Covid 19 et la logistique. ‘’Agadez c’est 52,6 pour cent du territoire national 2.000 kms de frontières internationales avec le Tchad, la Libye, l’Algérie et le Mali. Au regard de son immensité c’est une région aussi aux frontières très poreuses en termes de migration. Il ya plus de risques de transmission du Covid mais la disponibilité en vaccins ne fait pas défaut. Nous faisons face à une réticence des habitants. Et au niveau du Conseil Régional de Sécurité nous avons fait de la santé, une de nos priorités. L’autre problème c’est le refus du personnel affecté dans la région, de rester, mais on ose croire que ce personnel soit attiré par des gains faciles dans d’autres régions du Niger. Concernant la logistique, elle est vétuste et les moyens roulants dont nous disposons ne sont pas adaptés’’.
Au cours de la réunion de synthèse qu’il a présenté, le Secrétaire général du ministère de la Santé Publique M. Ibrahim Souley a indiqué que ‘’la mission a eu à visiter plusieurs formations sanitaires et sociales de santé à savoir deux centres de santé intégré, le CSI de Dadgmanet, le CSI Centre, le CHR, le CSME, la polyclinique Aïr-soins, la pharmacie privée Assalama, le centre des handicapés locomoteurs, le centre de transits de migrants etc.
Le ministre a durant son séjour, procédé à la réception d’un appareil de PCR don de l’OIM pour le dépistage de plusieurs pathologies et également d’un important lot de matériel et médicaments offert par l’OMS.
On relève des points forts : un fonctionnement satisfaisant des services sanitaires et sociaux, une amélioration des indicateurs socio sanitaires dans la région au cours du premier semestre 2022, un engagement fort des autorités régionales en faveur des actions de la santé en général, de la lutte contre le Covid en particulier et un engagement fort du partenaire dans le financement de la santé dans la région. De même que l’engagement des agents de santé et la disponibilité des médicaments et autres intrants de prises en charge des cas sociaux dans les centre de santé visités ainsi que l’offre de soins de qualité au profit des populations par la polyclinique Aïr soins’’.
Pour améliorer l’insuffisance d’encadrement des CSI par des équipes cadres de districts et la DRSP, l’insuffisance des ressources humaines, le non-respect des textes régissant le recouvrement des couts au niveau des CSI visités par la mission, la non production des rapports de consommation des médicaments une insuffisance dans la misse en application des directives nationales de prise en charge du paludisme etc. Le ministre a donné des instructions pour la supervision intégrée des centres sanitaires et sociaux à tous les niveau, faire respecter la réglementation en vigueur en matière d’exercice privé de profession de santé à tous les niveaux, utiliser provisoirement les locaux de l’ancien CHR d’Agadez pour le démarrage des activités de l ‘école de Santé Publique d’Agadez pour la rentrée 2022-2023 et poursuivre la recherche de financement d’un nouveau Centre de Santé Mère et Enfant.
La mission de travail des cadres du ministère de la Santé Publique, conduite cette par le Secrétaire général dudit ministère M. Ibrahim Souley s’est poursuivie au niveau des formations sanitaires d’Arlit et de Assamaka à la frontière nigéro-algérienne. Au niveau de Assamaka, il a été uniformisé les pharmacies du CSI et du Centre d’accueil des migrants. Le personnel a été renforcé par l’affection d’une seconde sage-femme ainsi que tous les dispositifs permettant de satisfaire aux besoins des populations locales selon le Directeur régional de la santé publique le Dr Baoua Iro. Pour le cas de l’infirmerie de garnison du poste militaire que la mission a trouvé en état de délabrement, un local a été affecté aux Forces Armées Nigériennes.
Le Directeur régional de la santé publique a ajouté que concernant Arlit, depuis juin 2022 l’Hôpital de la Cominak a été érigé en hôpital de district et placé sous tutelle du ministère de la Santé Publique. Le géant français Orano a, en tout cas promis de continuer à faire face à certains besoins de cette infrastructure jusqu’n 2024.
La région d’Agadez compte 7 Districts Sanitaires, 2 Hôpitaux de District, 92 CSI Fonctionnels, 158 Cases de santé existantes, 99 CS Fonctionnels, 1 C.H.R, 1 CSME, 1CRTS, 10 Cabinets médicaux, 1 Polyclinique, 4 Salles de soins privées, 3 Pharmacies publiques et 2 Pharmacies Privées. Les ressources humaines se résument aux FDS et privé, 61 Médecins, 464 infirmiers et 81 Sages-femmes. Les difficultés et contraintes sont les suivantes : Multiple fissures qui menacent l’intégrité des bâtiments du CSME ; Insuffisance en personnel ( Traumatologue, Cardiologue, Psychiatre, Dentiste, Dermatologue Sage femme, Infirmiers) Insuffisance et vétusté de la logistique (auto, moto) Panne de la chambre froide depuis 4 mois; la gestion des refoulés et l’état des routes, Insuffisance dans l’approvisionnement en médicaments, réactifs et consommables (faible capacité de l’ONPPC et manque de structures privées agréées) .
A cela s’ajoute l’accessibilité difficile des populations nomades aux services de santé; Faible couverture des CSI/CS en réseau d’eau courante et d’électricité; Insuffisance du plateau technique des districts (seuls 2 districts sur les 7 ont des HD); Insuffisance de couverture réseau GSM et de la connexion internet dans 6 Districts sur 7; Faibles couvertures réseau GSM (75% des CSI n’ont pas de connexion internet) ; Insuffisance de financement des activités de surveillance; Non renouvellement du stock de gestion des épidémies.
Au chapitre des mesures correctives il est demandé la mise en route du Projet de délocalisation du CSME en cours à travers le Conseil Régional; Besoin en Ressources Humaines exprimé et transmis au Ministère, recrutement local; Besoin en logistique exprimé et transmis au Ministère et aux Partenaires; Information de la DI, déploiement des vaccins, la mise en place d’un dispositif de gestion des refoulés le long des routes migratoires.
AH/SML/ANP/014/ Octobre 2022