NIAMEY, 13 Octobre (ANP) – Au Niger, la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme prend de plus en plus de l’ampleur grâce aux actions soutenues de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF).
En effet, selon le président de cette Institution indépendante, M. TAHER Hassane que l’Agence Nigérienne de Presse (ANP) a rencontré, la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme s’est beaucoup ancrée dans les habitudes au Niger ces dernières années.
Si pendant les dix premières années qui ont suivi la création de la CENTIF en 2004, il y a très peu de déclarations d’opérations suspectes du fait des moyens (financier et humain) très limités, depuis 2010-2012, la situation s’est beaucoup améliorée.
Le président de la CENTIF tire aujourd’hui un bilan assez satisfaisant.
« Aujourd’hui, nous prenons en charge plusieurs dossiers et nous élaborons des rapports circonstanciés que nous adressons à la justice, dont plusieurs ont déjà abouti à des jugements suivis de condamnations à des peines d’emprisonnement et/ou de confiscation des biens des individus rendus coupables de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ».
Selon le responsable de l’institution, le Niger dispose aujourd’hui d’un Comité National de Coordination des actions de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, cadre qui regroupe tous les différents acteurs impliqués dans la lutte contre ces fléaux, lesquels sont aujourd’hui mieux formés pour mener à bien cette mission.
La CENTIF a également procédé au renforcement de la coopération avec des Institutions de la sous-région qui poursuivent le même objectif, notamment le Réseau des Cellules de Renseignements Financiers de l’Espace UEMOA (RECEN-UEMOA) dont la présidence est assurée par le Niger depuis 2019, ou encore le Cercle du Lac Tchad qui regroupe le Niger, le Tchad, le Nigeria, le Cameroun, le Mali et le Bénin plus orienté dans la lutte contre le financement du terrorisme, etc.
Au plan national, la CENTIF collabore avec l’ensemble des Institutions ad hoc telles que la HALCIA, Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et Infractions Assimilées, l’Office Central de Répression de Drogue, OCRTIS ou la Ligne Verte à travers des échanges d’informations dans le respect des missions de chaque structure.
Avec le soutien continu de l’Etat et l’accompagnement de ses partenaires (GIABA, Groupe d’action intergouvernemental contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest, UE, BAD, etc.), la CENTIF mène aujourd’hui des actions concrètes sur le terrain qui permettent de lutter efficacement contre le blanchiment des capitaux, de déceler et de couper les sources de financement du terrorisme.
C’est du reste dans ce souci que l’Etat du Niger vient d’adopter une Stratégie de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme assortie d’un plan d’actions dont le financement contribuera efficacement à faire assoir une culture de la lutte contre ces fléaux au Niger, assure le président de la CENTIF.
Déjà, l’Institution a conduit d’importantes études notamment une évaluation nationale des risques liés au financement du terrorisme et au blanchiment des capitaux en mettant l’accent sur les menaces et les vulnérabilités de plusieurs secteurs de l’économie nigérienne, mais aussi une étude stratégique sur les probables failles des sociétés de transfert d’argent que les terroristes peuvent exploiter, détaille-t-il, notant, dans cette dynamique, que certaines sociétés se sont dotées de logiciels de profilage de leurs clients, etc.
« La lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme n’est pas le seul fait de la CENTIF, tout le monde doit participer à la lutte contre ces phénomènes. Chacun doit être gendarme contre ces fléaux », fait savoir M. TAHER Hassane pour qui, « la confidentialité est un élément central dans la conduite de la mission de la CENTIF ».
L’inspecteur principal du trésor se veut rassurant notant que du fait que la CENTIF traite d’informations sensibles, « nous ne perdons de vue le fait qu’on doit protéger les personnes qui nous déposent des déclarations de soupçons ». Et d’ajouter que les enquêtes se font en toute discrétion et les rapports circonstanciés sont produits en un seul exemplaire, transmis à un juge d’instruction pour traitement par le biais du procureur de la République.
« De bout en bout donc, le circuit est sécurisé et confidentiel ; les déposants sur les opérations suspectes ne sont pas mentionnés », détaille-t-il.
La CENTIF est indépendante, elle ne rend compte à aucune autorité, selon ses textes.
La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), note-t-on, fait partie des quelque 180 Cellules de Renseignements Financiers (CRF) répertoriées dans le monde.
La CENTIF du Niger, créée en septembre 2004, elle a principalement pour mission de traiter et de transmettre les renseignements financiers sur le circuit du blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Elle reçoit des Déclarations d’Opérations Suspectes (DOS) de la part des personnes assujetties (les experts comptables, les notaires, les avocats, les huissiers de justice, le trésor public, la BCEAO, les banques, les casinos, etc.) qu’elle fait vérifier avec les services de répression et ceux financiers.
Au besoin, elle établit des rapports circonstanciés sur des faits établis et judiciarises, des documents qu’elle transmet au Procureur de la République.
La CENTIF procède aussi au renforcement des capacités des acteurs nationaux impliqués dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
KPM/CA/ANP 0078 Octobre 2022