Niger : Tendre la sébile, une activité à risques

Niger : Tendre la sébile, une activité à risques

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Niamey, 21 Nov. (ANP)- Au Niger, un pays à dominance de confession musulmane, tendre la sébile (mendier) est devenue la principale activité de certaines couches sociales, particulièrement au niveau des jeunes en dépit des risques de violence physique ou morale auxquels cela les expose.

La mendicité des enfants, surtout des zones rurales dans les grandes villes, constitue une grave violation des droits fondamentaux universellement reconnus à cette composante de la société nigérienne, à laquelle le gouvernement reconnaît le droit à l’éducation jusqu’à l’âge de 16 ans.

‘’Je viens du Village de Chikal. Je ne suis jamais allé à l’école, et je suis arrivé à Niamey en compagnie de ma mère et ma petite sœur Laria’’, raconte Hamidou, un jeune garçon âgé de 13 ans, la sébile à la main.

Répondant à la question de savoir où se trouve son père, le jeune enfant répond que son papa a quitté le village depuis plus de 3 hivernages. On nous dit qu’il est allé à Alger’’.

‘’Au village, nous sommes nombreux à quitter à cause de la mauvaise récolte de l’année dernière, certains sont partis au Ghana pour chercher beaucoup de l’argent’’ a-t-il indiqué avant de préciser que sa mère et sa petite sœur sont dans ‘’le marché (Katako) entrain de faire du ‘’bara’’ (mendier), et moi j’opère dans la rue au bord du goudron’’.

Selon toujours le jeune mendiant, le soir toute la famille se retrouve ‘’parfois sous l’échangeur (Katako), derrière le Grand stade ou sous l’ombre d’un arbre pour faire le point de la journée’’.

‘’Nous remettons l’argent collecté à ma mère’’ a poursuivi le jeune garçon.

Cependant, a expliqué le jeune mendiant, ‘’ depuis le matin je n’ai pas mangé car je n’ai rien eu, les gens ne donnent plus d’argent ou même de la nourriture, ils nous chassent même’’.

‘’Je faisais aussi du porte à porte pour chercher à manger. Les gens m’envoient souvent leur faire des petites courses moyennant des pièces d’argent ou à manger, d’autres m’offrent des vêtements, mais depuis ce matin, personne ne m’a offert quelque chose’’ a ajouté le petit Hamidou de Chikal qui précise, ‘’avec l’argent que nous gagnons, on achète des habits, des chaussures et à manger à toute la famille’’.

Selon M. Coulibaly Maiga, père de famille, ce problème de la mendicité des enfants dans la ville de Niamey est ‘’la faute des parents de ces enfants, sinon comment tu peux mettre un enfant au monde et tu es incapable de lui garantir l’éducation et la nourriture. Je trouve ça même inhumain de la part des parents, et l’Etat aussi doit prendre ses responsabilités’’.

Quant au secrétaire général de l’association islamique, M. Youssouf Mounkaila, il reconnait que ‘’la religion autorise, certes, à donner aux pauvres de l’aumône, mais avec des conditions qui encadrent la pratique’’.

‘’Les pauvres ont un grand droit dans la richesse des riches. Quand vous êtes riche, cet argent-là ne vous appartient pas seul’’, a-t-il indiqué avant de soutenir que ‘’ce qui se passe dans la ville de Niamey, ce n’est pas de l’islam. L’islam n’a pas dit de mettre vos enfants dans la rue pour mendier afin de manger’’.

Le religieux de préciser également que la religion a ‘’strictement interdit de laisser vos enfants sans éducation et cela vous sera même demandé par Allah soubhanahou wa ta’ala le jour de la vérité, car c’est une lourde mission qu’il nous a confiée en tant que parents. Nous avons l’obligation d’éduquer nos enfants, c’est un droit primordial dans l’islam’’.

Malgré que l’éducation au Niger est gratuite jusqu’à l’âge de 16ans, cela n’encourage à rien les parents surtout des zones rurales à laisser leurs enfants jouir de ce droit qui leur est reconnu universellement.

Pire, la mendicité des petits enfants est même exportée à l’extérieur par certaines populations rurales du Niger à travers des pays de la sous-région comme le Ghana, le Sénégal, la Côte d’ivoire ou même l’Algérie.

Rappelons que lors d’une réunion, le 1er Novembre au cabinet du Premier ministre avec l’ensemble des acteurs qui œuvrent dans le domaine de la lutte contre ce phénomène, le chef du gouvernement nigérien, Ouhoumoudou Mahamadou a déclaré que le gouvernement va lutter ‘’ farouchement contre ce phénomène de la mendicité dans le pays et même à l’extérieur du pays’’.

AOM/AS/CA/ANP 0131 novembre 2022

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