Tahoua, 8 décembre (ANP) – Le Gouverneur de la Région de Tahoua Colonel-Major Oumarou Tawayé a présidé, ce samedi 7 décembre 2024 dans le village de Tounfafi (Madaoua), la cérémonie de lancement des activités entrant dans le cadre de la célébration des 16 jours d’actions patriotiques contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Le thème retenu pour cette édition est : « Tous unis pour un acte patriotique dans le cadre de la refondation pour arrêter les violences faites aux femmes et aux filles ».
Cette commémoration des 16 jours d’activisme est organisée par l’ONG ADESP (Actions pour le Développement Economique et Social des Populations)
en partenariat avec le programme PROMESS III de CARE International, ONU-Femmes et Plan International Niger. Elle s’est déroulée en présence des autorités administratives, coutumières ainsi que des leaders religieux.
Dans son discours, le Gouverneur de la Région de Tahoua s’est réjoui de l’accueil qui lui a été réservé ainsi qu’à la délégation qui l’accompagne à l’occasion de cette campagne de sensibilisation contre les violences faites aux femmes et aux filles. Le Gouverneur Tawayé a rappelé que les violences faites aux femmes et aux filles sont l’une des atteintes aux droits humains les plus fréquentes au monde, se produisant et se répétant quotidiennement dans tous les pays.
Au Niger, le rapport de 2015 sur l’ampleur et les déterminants des violences basées sur les genres (VBG), définies comme étant toute forme de violence de quelque type qu’elle soit physique, psychologique, sexuelle, économique, politique ou culturelle, commise sur une personne ou une communauté et dont la cause est fondée sur le sexe, l’âge, l’ethnie, la culture, la religion, la résidence rurale ou urbaine, indique que trois femmes sur cinq (60%) ont déclaré avoir subi au moins une fois la violence au cours de leur vie.
Selon le Gouverneur de Tahoua, les résultats de cette étude reconduite en 2021 indiquent que les femmes restent dans l’ensemble les plus touchées par le phénomène, précisant que la prévalence globale des violences faites aux filles et aux femmes au cours de la vie a passé de 29% à 38 2% chez les femmes et est de 16,3% chez les hommes.
La même étude souligne que le mariage d’enfants reste préoccupant au Niger. En effet, rapporte-t-on, parmi les enquêtées âgées entre 25 et 29 ans au moment de l’enquête, environ une femme sur quatre, soit 24,9%, étaient déjà mariées avant l’âge de 15 ans, alors que prés de deux femmes sur trois (63,6%) étaient en union à 18 ans.
C’est conscient de tous ces enjeux que les plus Hautes Autorités Nigériennes ont adopté, à travers le Ministère de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales via la Direction générale de la promotion de la femme, plusieurs textes et une stratégie nationale pour lutter contre les violences basées sur le genre (VBG), a rappelé le Gouverneur Tawayé, tout en soulignant que la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles est marquée surtout par la lutte contre les mariages d’enfants compromettant l’avenir de notre jeunesse, espoir de demain.
Parlant du cri de cœur du Chef de Canton de Madaoua et le Préfet de Madaoua lors des rencontres avec des témoignages très graves sur les violences faites aux filles et aux femmes dans leur entité administrative, le Gouverneur Oumarou Tawayé a engagé les autorités administratives et coutumières, les services techniques, les partenaires, etc. à œuvrer autant que faire se peut afin de renverser cette tendance dans les jours à venir et leur a adressé sa profonde gratitude, ses remerciements et toute sa reconnaissance et les a exhortés à déployer toute l’énergie nécessaire pour l’atteinte des résultats probants .
Enfin, le Gouverneur de Tahoua a tenu à féliciter le Préfet de Madaoua pour son engagement et sa détermination qui ont permis la tenue de ce forum avec le soutien de l’ONG ADESP qui a également reçu la gratitude du gouverneur.
Quant à la coordinatrice du PROMEESS III, Mme Mariama Soumana Zataou, elle s’est dite honorée de prendre part à ces activités des 16 jours d’activisme dans le département de Madaoua qui est l’un des 6 départements d’intervention du programme Promotion de l’Equité–Egalité-Social et de la Société civile au Niger dans la région de Tahoua.
Pour accompagner l’Etat du Niger dans cette démarche, CARE Niger, à travers son programme PROMEESS III, fait du plaidoyer l’une des stratégies qui touche les décideurs, a-t-elle indiqué, rapportant que l’approche Mata Masu Dubara a également démontré qu’il est possible de contribuer de façon significative à la réduction des violences à l’égard des femmes et des filles.
C’est du reste dans cette optique, a fait savoir Mme Mariama, que le programme PROMEESS III dans la région de Tahoua a identifié 284 hommes modèles et mis en place 10 plateformes genre et 241 leaders religieux pour mener des séances de sensibilisation des masses en milieu communautaire qu’urbain afin de réduire de manière significative les violences basées sur le genre faites aux femmes, hommes et jeunes filles dans les 6 départements de la zone d’intervention du projet.
Enfin, Madame Mariama a adressé ses remerciements aux autorités militaires du CNSP, à tous ceux qui ont œuvré pour les festivités des 16 jours d’activisme et plus particulièrement CARE International, ONU-Femmes, Plan International Niger à travers l’ONG ADESP.
Auparavant, le Préfet de Madaoua M. Boubacar Abdou Yoba, l’AD de la Commune de Madaoua M. Issoufou Annafo, le Chef de Canton de Gobir Toudou Madaoua Honorable Manirou Magagi et le Directeur régional de la promotion de la femme M. Allassan Issa ont tour à tour pris la parole pour apporter leur contribution dans cette campagne de lutte contre les violences basées sur le genré.
Notons également que cette cérémonie a été marquée par des sketchs très illustratifs sur les hommes modèles et des séances de sensibilisation sur les VBG.
Dans le même cadre, un forum a été organisé dans la salle de réunion de la préfecture de Madaoua. Autour du Gouverneur de Tahoua, cette rencontre a permis aux participants de découvrir des cas des VBG très inhumains, dégradants et inacceptables et la gravité et l’ampleur du phénomène dans le département de Madaoua à travers des cas concrets.
En prenant la parole à cette occasion, le Gouverneur Oumarou Tawayé a situé l’objectif de cette rencontre qui est la recherche des mesures pour éradiquer ce phénomène des VBG et attirer l’attention des uns et des autres sur les conséquences de telles pratiques. « Il faut punir ces cas des VBG car ils peuvent gâter l’avenir des victimes », a-t-il préconisé.
Le Préfet de Madaoua et le Chef de canton se plaignaient beaucoup des cas des VBG et il est temps de mettre fin à ces pratiques, a martelé le Gouverneur Tawayé, demandant à la population de laisser les filles étudier aussi longtemps que possible. Il a également lancé un appel à la participation active de tous, particulièrement les leaders coutumiers et religieux dans cette lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Pour sa part, la Cheffe de district sanitaire de Madaoua a relevé enregistrer des cas des VBG, mais se plaint de manque des médicaments de prise en charge.
Quant à la présidente nationale de l’ONG ADESP Madame Rekia Alzouma, elle a saisi cette occasion pour lancer un appel pour trouver des solutions à ce phénomène tout en soulignant l’importance de la présence des autorités à ce forum et appeler les participants à bien écouter et transmettre le message aux autres.
Le Préfet de Madaoua a, pour sa part, relevé 10 cas des VBG dont 8 personnes en prison, un autre phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur au’est la sorcellerie chez les vieillards qui sont accusés de prendre les âmes des gens. Le Chef de Canton de Gobir Toudou a sensibilisé les chefs des villages sur leur responsabilité dans la lutte contre les VBG et leur devoir de sensibiliser leurs administrés sur les VBG et les risques d’emprisonnement.
Enfin, le Directeur régional de la promotion de la femme a expliqué les différentes formes des VBG qui sont pratiquées dans la communauté et leurs causes.
Tirant la conclusion de ce forum, le Gouverneur a préconisé, dans la lutte contre les VBG, la poursuite de la sensibilisation afin d’attirer l’attention de la population sur les conséquences fâcheuses des violences faites aux femmes et aux filles.
TSA/KPM/ANP- Décembre 2024