Niamey, 09 Août(ANP)-Le Mali et le Burkina Faso ont fait savoir leurs préoccupations sur les conséquences d’une intervention militaire au Niger, dans un communiqué conjoint, via leurs Ministères des Affaires étrangères et de la coopération, le mardi 08 Août 2023, adressé à l’Ambassadeur, Représentant Permanent de la République du Burundi auprès de l’Union Africaine, Président du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, M. Willy Nyamitwe.
Dans ce communiqué, rappellent le Mali et le Burkina Faso, ‘’le peuple du Niger a décidé, en toute responsabilité et de manière pacifique, sans aucune effusion de sang, de prendre son destin en main et d’assumer devant l’histoire la plénitude de sa souveraineté. Par la suite, l’adhésion des populations nigériennes aux évènements survenus n’a cessé de croître notamment à travers des manifestations pacifiques de soutien aux nouvelles autorités nigériennes’’.
En dépit de cette volonté populaire clairement manifestée, indique le communiqué ’’la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en rupture totale avec la légalité internationale et la légitimité, a fait le choix de privilégier les mesures coercitives, y compris le recours à la force armée, contre un pays souverain’’ rapporte le communiqué conjoint dans lequel ils expliquent que ‘’le motif de cette agression, déguisée en intervention militaire sous le prétexte du rétablissement de la démocratie, cache mal les agendas de puissances étrangères prêtes à aggraver une situation sécuritaire déjà précaire, du fait, faut-il le rappeler, d’un précédent similaire en 2011, qui a causé l’effondrement de l’Etat libyen et la déstabilisation de la région du Sahel’’.
A cette date, poursuit le communiqué que ’’les responsabilités de cette opération militaire n’ont toujours pas été assumées, tandis que les Etats du Sahel continuent d’en subir les conséquences néfastes, particulièrement la prolifération des groupes terroristes et leur corollaire de circulations d’armes de toutes sortes dans la région’’.
Aussi, ’’ les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali ont clairement averti des conséquences pour la stabilité de la sous-région, voire au-delà, d’une intervention militaire contre le Niger, contre le Peuple nigérien’’ relève le communiqué.
En qualité d’Etats voisins et concernés par la situation d’un pays frère, le Mali et le Burkina réitèrent ‘’leur ferme condamnation de toute intervention militaire de la CEDEAO ou de toute autre force internationale qui violerait ainsi la souveraineté de l’Etat du Niger. La persistance de l’Organisation sous-régionale dans cette approche improductive voire contre- productive, conduirait à la dislocation de la CEDEAO’’ avertissent les deux pays.
Les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali appellent ainsi ’’à la responsabilité principale du Conseil de sécurité, garant de la paix et de la sécurité internationale pour empêcher, par tous les moyens à sa disposition, une action armée contre un Etat souverain dont l’ampleur des conséquences serait imprévisible’’.
Pour les deux pays ouest africains et voisins du Niger le conseil de sécurité de l’UA éviterait, à cet effet, ‘’un drame humanitaire, qui s’ajouterait aux difficultés d’une population en attente légitime d’un soutien pour faire face aux nombreux défis auxquels elle est confrontée’’.
Tout en réitérant, en fin, leur ‘’attachement à la recherche de solutions par les voies exclusives de la diplomatie et de la négociation, seules à même de garantir la paix et la stabilité du Niger et de la région’’, le Mali et le Burkina Faso prient le diplomate de l’UA de ‘’porter la teneur de la présente à l’attention des membres du Conseil de sécurité et de la publier en tant que document officiel du Conseil de sécurité’’.
AAM/AS/ANP 070 août 2023